Le petit Journal du Vieux quartier Saint-Christoly de Bordeaux 2

 

SAINT-CHRISTOLY, LE PLUS VIEUX QUARTIER DE BORDEAUX

 

Saint-Christoly au Moyen-Age

Passants, touristes, amis, vous êtes ici au cœur de Bordeaux, là où la ville est née.

Le nom de Saint-Christoly célèbre le plus vieux des quartiers de Bordeaux. Ce n’est pas par hasard que les premiers habitants de Bordeaux se sont retrouvés et installés ici. Saint-Christoly, c’est la confluence de la Devèze et du Peugue. Ces deux affluents de la Garonne qui ont abrité le premier port de la ville avant de s’étendre jusqu’au fleuve.


 

Saint-Christoly, l'un des principaux carrefours urbains au sein du Castrum.

 

Le resserrement de la ville dans un espace très restreint, entouré de murailles, a contraint la population utiliser au mieux les espaces vacants et à gagner sur le milieu liquide, d'autant plus aisément que le débit des ruisseaux avait considérablement décru. De plus en raison de fréquentes inondations, certains secteurs ont été considérablement exhaussés.

 

L'ancestral centre commercial de Bordeaux

 

Les premières invasions du courant du Ve siècle ne semblent pas avoir d'effet très néfaste sur la vie urbaine à Saint-Christoly malgré les pillages que mentionnent les sources littéraires et qui ont peut-être concerné davantage les grands propriétaires fonciers que l'industrieuse et populaire population de Saint-Christoly. A toutes les époques, le quartier Saint-Christoly a été le véritable centre commercial et artisanal de Bordeaux concentrant une intense activité commerciale et artisanale exceptionnelle.

 

Ainsi, le matériel retrouvé lors des différentes campagnes de fouilles démontre la présence dans les strates du lit de la Devèze, de carcasses de très nombreux animaux, des moules de petits objets métalliques, etc., mais aussi des aménagements plus complexes semblant provenir d'un atelier de foulon ou de tanneur. Saint-Christoly est bien le "plein cœur de l'activité de la cité".

 

La "parropia" Saint-Christoly, un quartier gascon de Bordeaux.

 

Nul ne sait exactement à quelle date s'est construite, sur les fondations même d'un sanctuaire antique qui existait déjà (Temple d'Esculape ? Temple de Mercure ? Voir Journal n° 1), l'église Saint-Christoly qui va définitivement donner son nom au quartier.

Aux environs de 1096-1091, il fut décidé que la Devèze serait la ligne de partage entre les droits de Saint-Seurin et de Saint-André, en rivalité pour les dîmes.

 

Alexandre III

 

Il fallut l'intervention du pape Alexandre III (1159-1181) pour confirmer le partage dans une bulle de 1173, qui place la paroisse Saint-Christoly, sous l'autorité du chapitre de Saint-Seurin.

Le porche de l'antique église Saint-Christoly, dessin d'Emilien Piganeau (1903).

 

En ce temps là, Bordeaux n'est pas rattaché à la France et on parle exclusivement le gascon. Le nom de Saint-Christoly qui est la forme gasconne de Saint Christophe, Sanctus Christophorus en latin, devenu Sent Christauli, Sent Christolla, Sent Christole ou Sent Christoly, qui se retrouve avec quelques variantes dans de nombreux sanctuaires d'Aquitaine. Pour certains, la forme: Christ-Oly, pourrait provenir des mots chrestos (oint) et olli (huile), ce qui les conduit à avancer que cette église était l'une de celle où l'on confectionnait les krismas ou huiles d'onctions pour l'aide aux malades et aux affligés selon les rituels gallicans.

 

Au XIVème siècle, il y avait 15 paroisses à Bordeaux dont 10 à l'intérieur des murs romains. L'église Saint-Christoly avait pour limites : à l'ouest, Rue Beaubadat et du Temple jusqu'à la rue Porte-Dijeaux au nord, et au sud la Rue saint André (rue des Trois-Conils), et à l'Est la Rue Castillon. Quelques rares textes lui donnent pour limites, la Devise au Sud, à l'est la Rue Castillon et la Rue du Pont de Brion (Rue de Cheverus).

La "parropia" (paroisse) Saint-Christoly en 1220. Le triangle de la place existe déjà sur la carte de Bordeaux.

 

Ainsi est né autour de l'église, au plus tard dans les années 1200 le quartier éponyme. La "parropia "Saint-Christoly". En ce temps là, "paroisse", désigne une unité territoriale et veut dire quartier. Un quartier qui déjà existait depuis 1500 ans, et qui allait vivre pendant encore 800 ans.

 

La Jurade de Saint-Christoly.

 

Jusqu'à 1206, l'organisation municipale de Bordeaux demeure embryonnaire et repose sur les "libertés" accordées par Aliénor et Jean sans Terre.

Sceau d'Aliénor d'Aquitaine.

C'est au début du XIIIème qu'apparaît la Jurade, composée d'abord de 50 bourgeois élus, ramenés à 24 puis à partir de 1375, selon le Livre des Bouillons, à 12, chiffre équivalent au nombre des quartiers de la ville.

Dans les délibérations importantes, à côté des jurats et du maire, venaient siéger deux autres conseils, l’un de 30 citoyens, l’autre de 300 (nombre ramené à 100 au XVIIIème siècle) que l’on appelait en gascon, les Accosselhadores (conseillers) Ces fonctions étaient électives et annuelles. Chaque année, l’expiration de leur pouvoir, les jurats élisaient leurs successeurs qui devaient prendre après eux le gouvernement de la ville. L’élection commençait le 24 juillet de chaque année, à la veille de la Saint-Christoly et de la Saint-James, les deux saints préférés des bordelais. Le tocsin sonné, les jurats électeurs, en robe noire et écarlate, précédés du porte- masse et des trompettes d’argent, rentraient dans l’église Saint-Eloi, où la main étendue sur l’autel, ils juraient d’élire 12 jurats : " le meilleur qui se put pour le profit du roi d’Angleterre, la régence et l’unité de la ville", avant d'entrer en conclave à l'Hôtel-de-Ville pour procéder à l'élection. Le 25 juillet, les nouveaux élus étaient proclamés à Saint-André avant de prendre leurs fonctions le lendemain.

 

Le Jurat de Saint-Christoly(qui représente aussi la paroisse de Sent-Pau et de Notra-Dona de la Plassa, depuis 1375) était le douzième dans la liste. En robe noire et sous un chaperon de livrée, il figurait dans tous les cortèges officiels de la ville. Les Registres de la Jurade nous ont porté les noms de certains des Jurats de Sent-Christole, au moins à partir de 1401, Arnaud Costantin (1401-1402), Ramon Martin, (1402-1403), Arnaud Siméon, Johan Argui, lo belh (le vieux), Helias de la Bia ou Gilhem Aysselin.

 

La fontaine Saint-Christoly.

 

Depuis 1400, il existait au cœur du quartier un puits célèbre à Bordeaux. Ce puits est devenu la fontaine du putz de Bertulh (à traduire en roman d'Ile de France : puits de Vertheuil), ce pâté de maisons constituant un triangle isolé, qui fixe depuis plus de 1000 ans les contours exacts de l'actuelle place Saint-Christoly. A l'époque moderne le putz de Bertulh est devenu la fontaine Saint-Christoly.

 

La fontaine Saint-Christoly, ancien putz de Bertulh (puits de verteuil) - Aquarelle d'Edmond Fontan (AMB)

 

La fontaine Saint-Christoly est restée "très fréquentée" même après la conquête de la Guyenne par les Français. Le nom de Saint-Christoly, en souvenir des élections de la Jurade, a "de tout temps été populaire à Bordeaux". (Henri Ribadieu, Histoire de la conquête de la Guyenne par les français.)

 

Le nom de Saint-Christoly a aussi droit au respect sacré du aux sépultures. Car, au nord de l'église, était le cimetière Saint-Christoly d'une superficie de 31 toises 18 pieds soit 70 m2 environ. Des Malvyn aux Ruat, qui ont joué un grand rôle dans l'histoire de la ville, combien de familles du quartier ont un des leurs enseveli dans le sol de Saint-Christoly ?

 

Au centre, le quartier et l'église Saint-Christoly en 1450, sur la reconstitution de Léon Drouyn. Le triangle de la place existe déjà.

A suivre …

Et tout cela n'est qu'un résumé. Nous aimerions tant vous en dire plus, vous donner des références plus précises. Mais cette évocation sommaire vous donnera surement envie d'en savoir plus sur le Vieux quartier Saint-Christoly de Bordeaux

 

Et pour en savoir plus :

COUPRY (J.), DEBORD (P), GAUTHIER (M.). - "Les fouilles du quartier de Saint-Christoly à Bordeaux (1973-1974)" Gironde, août 1978 : p. 37-41.

DEBORD (P.) et GAUTHIER (P.) Bordeaux Saint-Christoly, Sauvetage Archéologique et Histoire Urbaine – Bordeaux, Direction des Antiquités Historiques d'Aquitaine, 1982

 DROUYN (L.) Bordeaux vers 1450, Description topographique, AMB, Gounouilhou 1974.

HIGOUNET (Ch.). - Le quartier Saint-Christoly au milieu du XIVe siècle. - Actes de l'Académie de Bordeaux 1976 (1977), p. 45-53; ill.

JULLIAN (C.). Histoire de Bordeaux, depuis les origines jusqu'en 1895.

MAGNEN (R.). - Le vieux quartier Saint-Christoly. - Bordeaux, Delmas ; 1963.

RECHE (A.), Naissance et Vie des quartiers de Bordeaux, Seghers 1979.

PIGANEAU (E). "L'église Saint-Christoly à Bordeaux. Notice archéologique et histori­que:' B. S. A. B., XXV (2), 1904 : p. 139-177 Etc. etc.

 

A suivre prochains numéros :

-         Saint-Christoly sous les rois de France

-         Saint-Christoly sous la Révolution.

-         L’église Saint-Christoly

-         Le Couvent des petits Carmes etc

 

Saint-Christoly est au cœur de notre histoire.

C’est là que la ville de Bordeaux a été fondée.

L’antique quartier Saint-Christoly est le plus vieux quartier de Bordeaux.

Il doit conserver son nom.

SIGNEZ LA PETITION :

ENSEMBLE SAUVONS LA PLACE SAINT-CHRISTOLY.

Offert par les habitants du Vieux quartier Saint-Christoly de Bordeaux.

www.placesaintchristoly.f